Posts Tagged ‘mort’

Lydie

3 décembre 2013

60 pages d’une étrange tranche d’humanité où grain de folie rime avec la vie.

Les protagonistes ? Les habitants d’une impasse belge francophone des années 30, l’impasse du Baron Van Dick, rebaptisée « l’impasse du bébé à moustaches » depuis que le bébé de la publicité qui clot la rue s’est retrouvé affublé d’une belle paire de moustaches en graffiti… Et un des charmes de cet album réside dans l’étonnante capacité du dessinateur espagnol Jordi Lafebre à camper chacun des personnages de cette ruelle, en quelques traits, en quelques mimiques. Chacun y trouve son épaisseur, chacun y va de sa présence. Une belle leçon de ligne claire, réhaussée par une colorisation par ordinateur aux teintes tendres et justes.

L’histoire ? C’est une statuette de la vierge, la « Madone à l’enfant perdu » qui la raconte, tissant avec poésie et sensibilité l’histoire boulversante de Camille, une jeune fille à l’esprit un peu fragile qui vit seule avec son père, conducteur de locomotive. Quelques jours après l’accouchement de son enfant  mort-né, Camille annonce que les anges ont entendu sa prière et que sa fille Lydie est revenue… A force de cajoler son enfant invisible, Camille entraîne tout son quartier dans une troublante aventure de tendresse et de compassion.

Merci au scénariste Zidrou de nous offrir ainsi un album aussi dense qu’attachant ! Son « one-shot » est un grand moment !

Lydie, (S : Zidrou; D : Jordi Lafebre) édité chez Dargaud, Collection « Long Courrier », en avril 2010, 60 pages

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Mâle de Mer

25 novembre 2013

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Que c’est beau ! Que c’est fort !

Jamais une Bande Dessinée n’a autant mérité d’être appelé un roman graphique : le texte de Laetitia Villemin a la densité, la rythmique d’un texte poétique, entêtant, martelant cette histoire d’orpheline aux rencontres improbables ; quant au dessin de Guillaume Sorel, il est aussi dense en atmosphère qu’en finesse descriptive.

Quel chef d’œuvre !

Ephémère, la belle Ephémère de Doëlan, en Bretagne, est de celle que le destin scelle dans l’abandon : par le décès trop tôt venu de sa mère ; par la disparition de son marin de père, enfermé dans son silence ; par la fuite de son bel étranger puis par la lâcheté du fils qui naît de cette rencontre.

Gravé dans le blanc des pages, le noir des dessins de Guillaume Sorel est superbe. En l’absence de ces couleurs qui faisaient la splendeur d’albums comme « Typhaon » et de « L’Île des morts », son trait se hisse à la beauté poétique comme, dans un autre graphisme, Baudouin avait sû le faire avec « Voyage ». Quel univers !

Cet album ne laissera personne indifférent. Certains trouveront le texte trop alambiqué, d’autres le dessin trop dénudé… mais pour Idées BDs c’est un album « phare » !!!

Mâle de Mer, (S : Laetitia Villemin ; D : Guillaume Sorel) édité chez Casterman Collection « Ecritures » en janvier 2009, 152 pages format 17,2×24

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La fin du monde

17 novembre 2013

Pierre Wazem offre un merveilleux récit intimiste, mélancolique et plein de rêve éveillé.

Comme il sait le faire avec le scénario de Koma, le monde adulte est renvoyé à son enfance, au secret que sa mémoire a voulu enfouir, avec la complicité des adultes. Plus que la fin du monde, c’est la fin d’un monde familial qui nous est ici livrée grâce au pacte que la mort va signer avec le chat de la maison…

Les planches de Tom Tirabosco, faites de tons noirs et blancs rehaussés de légers aplats bleus appliqués à l’ordinateur créent un extraordinaire univers de craie sur un tableau bleu. Le quotidien en devient fantastique et transforme la lecture de cet album en un voyage onirique et intérieur où certaines vignettes recèlent une force étonnante, saisissante de présence.

Un véritable bijou où fiction rime avec émotion !

La fin du monde (D : Tom Tirabosco ; S : Pierre Wazem), Futuropolis, août 2008, 120 pages (20x29cm)

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La Loi du Kanun

15 novembre 2013

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La loi du Kanun qui régit le nord de l‘Albanie légifère notamment la vengeance, les règles de vendetta. A la chute du terrible régime stalinien, c’est dans cette tradition que les habitants vont chercher refuge. Entre autre, lorsque dans une famille,  une vengeance doit s’accomplir et qu’aucun homme n’a survécu, une femme peut alors prendre sa place. Elle change de prénom et de sexe afin que la vengeance familiale puisse se perpétuer.

C’est dans ces liens inextricables que nous nous laissons mener de main de maître mystificateur par Michel Chevereau. L’histoire de chacun des protagonistes n’est pas aussi simple que l’on pourrait y croire et des rebondissements inattendus ponctus chacun des trois volumes de cette série. Amour d’enfance, mafia, règlements de compte, honneur bafoué, fidélités désespérées sont ici des ingrédients très efficaces…

La finesse du trait, les couleurs pastelles, le réalisme parfois onirique de certaines planches rendent très présent cet univers où tout semble se tenir et s’entrecroiser.

Une superbe trilogie, encore trop méconnue …

La Loi du Kanun, Série Complète en 3 Tomes (S : Michel Chevereau ; D : Jack Manini), Glénat, Collection Grafica, avril 2005 à Janvier 2008

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Un homme est mort

8 novembre 2013

Gallimard, Davodeau Homme Cv

Le réalisme de Davodeau fait merveille une fois de plus pour nous donner d’entrer dans une aventure humaine : René Vautier, recherché par la police car cinéaste engagé, est mandaté par la CGT pour tourner un documentaire dans la tourmente sociale des mouvements ouvriers de 1950. Le 17 avril, à Brest, la police tire sur la foule faisant un mort.

Les auteurs s’attachent alors à décrire le tournage du film qui va s’en suivre, son montage précaire et surtout sa projection nocturne aux quatre coins de la ville assiégée. Derrière ce devoir de mémoire, c’est la violence et la détermination qui sont rendues palpables, l’abattement et l’engagement. Il y a le poème d’Eluard, « Au rendez-vous allemand » et le silence extraordinaire de certaines planches.

Jamais un travail didactique n’a été aussi poétique ! L’émotion si politique !

Un homme est mort, (D : Etienne Davodeau ; S : Kris) Futuropolis/Gallimard, Octobre 2006, 80 pages

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Mardi-Gras Descendres

20 octobre 2013

Attention : choc métaphysique !

Victor Tourterelle, cartographe de son métier, se réveille à l’état de squelette juste après avoir glissé par mégarde sur la petite voiture que son fils avait oubliée dans la salle de bain. Glissade fatale qui le fait basculer dans un au-delà entre enfer et paradis, un au-delà bien étrange avec ses lois, ses tyrans, son église, ses révoltes anarchistes. Alors qu’il refuse de se plier à ce qu’il juge comme une imposture divine, Victor maintenant rebaptisé « Mardi-Gras Descendres » est recueilli par un groupe clandestin, la Corniche, afin de participer à la cartographie de cet univers. De folles aventures s’ouvrent jusqu’à la découverte de la recette de la résurrection…

Ne vous laissez donc pas décourager par cet univers glauque et obscure de squelettes parfois reconstitués de bric et de broc. Il recèle d’étonnantes péripéties, des réflexions inattendues sur la mort et l’au-delà. Certes, cet univers au décor astral superbe se mérite, il ne se livre pas d’un simple coup d’œil. Les tavernes, au graphisme fouillé, réservent des rebondissements surprenants… Mais, au travers de cette foisonnante danse macabre, le lecteur trouve là une vraie richesse narrative, une vraie originalité dans une démarche vraiment audacieuse.

Une référence marquante !

Mardi-Gras Descendres, (T.1 à 4) d’Eric Liberge, chez Dupuis, Collection empreintes, une réédition de juin 2004 à septembre 2005 d’albums d’abord édités en noir et blanc chez Pointe Noire de décembre 1998 à août 2001

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Les Voleurs d’Empires

15 juillet 2013

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Du grand Dufaux, manipulant lecteurs et acteurs de ce drame où fantastique et romanesque se donnent rendez-vous sur fond de Commune.

Juillet 1870. La France de Napoléon III se prépare à la guerre tandis qu’une mystérieuse jeune femme fait un pacte avec la mort, entraînant avec elle un groupe d’adolescents dans de macabres et sanglants complots. Folie, fanatisme, affrontements et boucheries sont revisités en un souffle glacial où le point de vue fantastique transmute le récit historique en une saga surnaturelle.

L’œuvre est très forte, âprement surprenante, poussant parfois jusqu’au dégoût certaines scènes. Nos deux auteurs belges, Jean Dufaux et Martin Jamar, savent faire transpirer la mort en des planches dérangeantes, implacables à montrer l’humanité occupée à s’entredéchirer ! Quel souffle ensorceleur !

Une saga troublante qui mérite une place de choix dans la Bédéthèque de tout lecteur aguerri !

Les Voleurs d’Empires, série complète en 7 tomes (S : Jean Dufaux ; D : Martin Jamar) chez Glénat, collection « Grafica » de septembre 1993 à mai 2002

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Le Dérisoire

14 juillet 2013

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Pour la surprise, la fascination et le plaisir des yeux !

Olivier Supiot a su ici offrir une couleur et une lumière digne d’un Mattotti, à l’univers onirique d’Eric Omond où les métaphores de la vie et de la mort nous font naviguer entre féerie resplendissante et morbide implacable. Mise en page, cadrage, format de l’album capturent un univers fantastique où l’atmosphère de plomb et de rouille est palpable…

L’histoire est celle d’un capitaine au navire inachevé, hanté par les fantômes des marins qui sont morts, et dont l’univers va basculer avec la croisière qu’organise une femme étrange.

Le Dérisoire (D : Olivier Supiot ; S : Eric Omond), Glénat, Collection « Carrément BD », avril 2002, 56 pages

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Yiu (T. 7)

5 décembre 2009

Dernier album de la série aussi apocalyptique qu’ébouriffante « Yiu »

La finale de cette saga convie le lecteur à entrer dans les soubresauts de la fin du monde ! La Révélation prédite par les Saintes Écritures va s’accomplir sous ses yeux esbaudis !
Yiu, la mercenaire-tueuse mène son ultime combat pour atteindre l’hôpital Saint-Jean où Ji-a, son frère, qui vient d’être miraculeusement sauvé est entouré par les forces électriques de l’Antéchrist.
Le combat de la Bête et de l’Enfant peut commencer. Un monde chancèle. Un autre va-t-il en jaillir ?

La série mérite vraiment le détour, par son graphisme, par son univers « allumé ». Certes, les fans seront déçus par un achèvement un peu trop classique, surtout quand on relit les premiers albums. Ils  pourront cependant se consoler avec les autres albums d’ « Yiu premières missions » dont le souffle ne dément pas le rythme des planches !

Yiu (T.7 « Dernier Testament« ),  (S: Téhy / J. M. Vee ; D : Nicolas Guénet) Ed. Soleil Production, novembre 2009

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Confessions (« Magasin Général » T.4)

17 novembre 2008

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Le tremblé du dessin, l’atmosphère de ses couleurs, la douce sympathie pour les habitants de Notre dame des lacs irradient cette série et tout particulièrement ce quatrième album fait de regard, de silence, de poids du non-dit et de la rumeur… Ce travail à quatre mains de Régis Loisel et Jean-Louis Tripp est vraiment superbe et surprenant.

Dans Confessions Marie et Serge tentent de trouver la juste place de leurs relations, entre le désir de marie, la réserve de Serge, les pressions des commères et l’amitié bourrue des amis.

Dans ce tome, Magasin Général prend le temps des tâtonnements et la lenteur de la pudeur… Superbe !

Confessions (« Magasin général », t.4) de Jean-Louis Tripp et Régis Loisel édité chez Casterman, novembre 2008, 72 pages

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